Cardiomyopathie hypertrophique (CMH) chez le chat

L'article suivant a été rédigé par Par Jean-Philippe Corlouer, vétérinaire au CHV Frégis

La myocardiopathie hypertrophique féline (CMH) n’est pas une maladie mais un syndrome qui se caractérise par un épaississement anormal des parois du cœur.

Ce syndrome peut atteindre des chats de tout âge et de toute race.

Différentes causes peuvent être responsables de l’apparition d’une cardiomyopathie hypertrophique, ce qui explique une évolution souvent difficile à prévoir.

La myocardiopathie hypertrophique féline n’est pas une « maladie génétique » (seules certaines formes, dans certaines races sont dues à des mutations sur un ou plusieurs gènes).

Les symptômes sont souvent d’apparition tardive et brutale

Le diagnostic est parfois très délicat et demande une certaine expérience.

 

Parmi les origines possibles, on peut citer diverses maladies comme l’hyperthyroïdie, l’hypertension artérielle, l’acromégalie, le diabète, des cancers, des causes génétiques, inflammatoires, infectieuses, parasitaires, …


Quels sont les chats concernés ? Que signifient les tests génétiques ?

Les myocardiopathies hypertrophiques (CMH) peuvent atteindre des chats de tout âge : de quelques mois à plus de 15 ans. Toutes les races sont concernées, y compris le « chat de gouttière » (chat européen). Le syndrome est décrit dans de nombreuses races : British, Maine coon, Mau égyptien, Norvégien, Persan, Ragdoll, Rex Cornish, Rex Devon, Sphynx, …). Actuellement, des mutations génétiques n’ont été identifiées que dans certaines races (mutation de type A du gène MYBPC3 chez le Maine coon et mutation de type C de ce même gène chez le Ragdoll).

 

Les tests génétiques ne permettent pas de déterminer l'âge d'apparition et la gravité des symptômes éventuels. Ils ne font que mettre en évidence une mutation sur un gène (plusieurs mutations différentes sont possibles sur un même gène). Une mutation va pouvoir se transmettre à la descendance du chat porteur et de façon plus ou moins importante. Elle peut aussi se produire de façon « spontanée » dans toute lignée de n’importe quelle race. Enfin, il n’est pas exceptionnel de rencontrer dans les « races à risque génétique » comme le Maine coon, des myocardiopathies hypertrophiques dues à d’autres causes (hyperthyroïdie, hypertension artérielle, …). Les tests génétiques ne sont donc qu’un élément diagnostic parmi d’autres et doivent être utilisés et interprétés avec prudence.


Une évolution déroutante

Notre incapacité actuelle à identifier la cause responsable d’une myocardiopathie hypertrophique chez un individu donné (dans une majorité de cas), explique sans doute pourquoi il en existe différentes formes, pourquoi le diagnostic est délicat, combien l’évolution est difficile à prévoir et pourquoi la mise en place d’un traitement peut poser des problèmes.

 

Le pronostic va du meilleur (« guérison » en quelques mois ou années) au pire (mort subite, thrombo-embolie, troubles respiratoires graves, …)


Quand suspecter une myocardiopathie hypertrophique chez le chat ?

Les signes cliniques sont ceux d’une insuffisance cardiaque. Ils sont peu spécifiques et d’intensité très variable. Ladécompensation peut être très soudaine, sans aucun signe d’appel.

Un nombre non négligeable de chats atteints d’une CMH majeure peuvent pendant longtemps ne présenter aucun symptôme et aucune modification lors d’une auscultation. Ils constituent donc un véritable piège pour le propriétaire, le vétérinaire et le chat. Ce sont en effet des candidats à un « accident cardiaque » tout aussi brutal qu’imprévisible à l’occasion, par exemple, d’une anesthésie pour une intervention aussi banale qu’un détartrage.

Dans les formes d’évolution plus progressive, les signes d’appel peuvent être de la fatigue, une perte d’appétit, un abattement.

Lors de décompensation brutale, ce sont souvent des troubles respiratoires qui alertent le propriétaire. Les CMH peuvent aussi être responsables de thrombo-embolie, se manifestant en particulier par une « paralysie » brutale et douloureuse, le plus souvent au niveau des pattes arrières.

Contrairement au chien, le chat insuffisant cardiaque ne présente que très exceptionnellement de la toux.

 

L’examen clinique peut être déconcertant, et tout particulièrement l’auscultation cardiaque. Chez certains chats, aucune anomalie n’est décelable. Pour d’autres, certaines modifications peuvent être entendues (souffle, trouble du rythme, galop cardiaque, …). Elles doivent conduire à effectuer des examens complémentaires.